Kabel, l'arme fatale publié le 25 fevrier 2003
En Excellence, Youssef Kabel est devenu une terreur. Auteur de huit buts en deux matches, le jeune attaquant d'Oberlauterbach au parcours atypique affole actuellement toutes les défenses. Portrait d'un garçon attachant et réservé.
Les défenseurs de Vauban doivent encore se demander quelle tornade les a emportés dimanche dernier. Balayés sans ménagement par des Oranges remontés (5-2), ils ont surtout subi les foudres de Youssef Kabel. Sur son aile droite, ce garçon longiligne et racé a fait tourné en bourrique ses adversaires et a inscrit trois buts en une mi-temps. L'autre jour, à Barr, Youssef avait trouvé le chemin des filets à cinq reprises. Une réussite exceptionnelle qui fait le bonheur de l'US Oberlauterbach, club qu'il a rejoint voilà maintenant trois saisons.

« Youssef est un joueur complet et polyvalent, dit l'emblématique entraîneur des villageois, Florent Stoltz. Sa technique et ses qualités de vitesse en font un attaquant hors du commun à ce niveau. Quand il est arrivé chez nous, il était un peu dilettante. Je l'ai d'abord fait jouer au milieu, puis avant-centre. Mais c'est sur l'aile droite qu'il a explosé. Inscrire 13 buts à ce poste n'est pas donné à tout le monde. »

De Cannes au Raja

A 24 ans, ce Lauterbourgeois d'origine marocaine semble donc avoir atteint sa plénitude. Il faut dire que Youssef a connu un parcours chaotique et mouvementé, depuis ses débuts à l'âge de 11 ans. Entre les clubs de Lauterbourg et de Munchhausen, les allers retours sont fréquents. Même au fin fond de l'Alsace, ses aptitudes au ballon rond ne passent pas inaperçues. En 1996, un recruteur aiguille l'adolescent vers le centre de formation cannois, là-même où des talents comme Zidane ou Vieira ont éclos.

« Ça c'est très mal passé, raconte Youssef. Je ne me suis pas fait accepter par les gars du coin. Je me suis senti seul et rejeté. Au bout de quatre semaines, j'ai plié bagages. » Retour donc à la case départ, avec une grosse désillusion en prime et le moral dans les chaussettes. Le football est alors mis entre parenthèses, et Youssef s'essaie au handball.

Mais en 1998, lors d'un séjour au Maroc, Kabel va retrouver l'envie. « J'étais parti en vacances et je me suis retrouvé au centre de formation du Raja Casablanca, sur l'insistance de mon père et du frère de Bassir, le joueur lillois, sourit Youssef. J'y ai passé quatre superbes mois. Un contrat se dessinait même. J'ai préféré rentrer pour retrouver ma copine. Je la voyais mal me rejoindre au Maroc. »

« En DH ou plus haut »

Sans remords, Youssef au grand coeur tire un trait sur ses rêves de gosse. Le voilà replongé dans l'anonymat de la D2 départementale, à Munchhausen. Ses 39 buts inscrits cette saison-là finissent par convaincre Florent Stoltz, qui l'attire à Oberlauterbach. « C'est un super-entraîneur, s'enthousiasme Youssef, devenu manutentionnaire chez Rohm and Haas. J'ai beaucoup appris à son contact. Je sais que je peux encore progresser. J'ai eu quelques contacts, mais rien d'emballant. Je ne cours pas derrière l'argent. Il faut avant tout que je me sente à l'aise, dans une ambiance conviviale. »

Pas dupe, Stoltz sait bien qu'il aura du mal à conserver sa perle rare en fin de saison. « Si j'étais entraîneur en DH, ou même un peu plus haut, je le prendrai immédiatement, dit-il. Il s'investit à fond, sur et en-dehors du terrain. » Youssef Kabel gagne à être connu. Ses plus beaux jours sont assurément devant lui.
© DNA
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