Le bonheur, ça se mérite publié le 14 mai 2010
Alors d’accord, Oberlauterbach n’a peut-être pas fait un grand match. D’accord, Schirrhein s’est créé de nombreuses occasions, et on a même cru que le coup de Trafalgar, rebaptisé depuis « coup de Clermont », était en passe d’être réédité. Mais à Oberlauterbach, ils sont plus que onze sur le terrain.

Avec une attaque flamboyante, impressionnante de lucidité et de réalisme, les joueurs de Fabrice Muller ont les moyens d’aller loin, ce qu’ils font avec cette qualification pour la finale de Coupe d’Alsace. Et puis surtout, les « Oranges » ont un ectoplasme qui les poursuit partout, et les enchantent. Un esprit de combativité, de solidarité et de franche camaraderie.

Fumigènes orangés

Après avoir mené 2-0, l’égalisation des joueurs d’Hervé Sturm en aurait plombé plus d’un. Mais les « Tangos », sans paniquer, confiants dans leurs armes offensives, ont frappé un dernier coup, fatal, et ont ainsi pu se lâcher et ravir les supporters, venus en nombre parmi les plus de mille présents au stade. A chaque but de son équipe, le kop d’Oberlauterbach, en grande partie alimenté par l’enthousiasme et le houblon, chante, crie et colore l’atmosphère de fumigènes orangés. Jeunes, moins jeunes, hommes, femmes, tous sont là pour donner de la voix. Et une fois le coup de sifflet final donné, ils envahissent la pelouse, pour entonner en alsacien l’hymne de l’USOE.

Traduit en français, ça donne: « C’est un beau village du nord de l’Alsace. Nous ne buvons que de la bière, énormément de bière ». Ce n’est pas très fin, mais ça se mange sans faim. Une fois dans le vestiaire, les choristes reprennent de plus belle, et Cédric Buttner, le gardien, qui finit sa première saison chez les vainqueurs du jour, peut savourer. « J’avais prévenu, nos supporters sont géniaux, et très bruyants. J’ai dû apprendre très vite tous les chants », explique le portier, auteur d’un très grand match. Envahi par les joueurs de l’équipe réserve, qui constituent le coeur de cette troupe de fanatiques, le vestiaire enchaîne sur une chanson de Patrick Sébastien, intitulée « Pourvu que ça dure ». On pourra toujours dire que Patrick Sébastien, c’est ringard, que boire de la bière comme de l’eau, ça fait beauf, mais en attendant, ça fait du bien au foot de voir une vraie bande de copains prendre autant de plaisir à gagner des matchs qu’à vivre ensemble.

Esprit imperceptible

A Oberlauterbach, on chante peut-être faux, mais on joue juste. Cet esprit imperceptible qui fait aussi les grandes équipes, Schirrhein l’a peut-être aussi un peu perdu aujourd’hui, avec les départs de son entraîneur et de certains joueurs cadres, même si on ne souhaite pas ça à ce club attachant. Après la rencontre, le président Dillinger déplorait surtout l’impuissance des siens. « On crée le jeu pendant toute la partie, mais eux savent s’appuyer sur trois attaquants d’exception ». Du côté des frères Muller, la dernière marche reste maintenant à gravir pour soulever le trophée, et pourquoi pas atteindre l’échelon supérieur en fin de saison. En attendant, pourvu que ça dure, la belle aventure...
Vincent Hahn DNA
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