Le bon sang de Kraemer publié le 19 novembre 2009
Sur un terrain, Steve Kraemer est ce qu'on appelle un milieu relayeur, capable de marquer, mais d'abord chargé de faire bonne garde devant la défense. Dans la vie, le joueur de l'US Oberlauterbach-Eberbach est juste heureux.

Faut vite le dire. Steve Kraemer (Stev'O pour les intimes) est né avec le sourire. C'est inscrit sur son visage et sa bouche le confirme. « La vie est belle. Et on n'en a qu'une. Alors, faut déconner un peu », commence par dire le milieu de terrain de l'US Oberlauterbach-Eberbach.

Sa devise habituelle : « A fond, les gars ! »

D'ailleurs, il s'autoproclame, et on le croit sur parole, le joueur le « moins sérieux et le plus distrait » de l'équipe. « Quand Fabrice Muller nous donne l'heure des rendez-vous pour les matches, il m'arrive très souvent d'aller lui redemander deux ou trois fois. Cinq minutes avant le coup d'envoi d'une rencontre, je suis encore en train de plaisanter. J'ai besoin de ça. » Et puis, quand l'arbitre donne l'ordre aux deux équipes de rejoindre la pelouse, il se mue alors en compétiteur. Et lance sa devise habituelle. « A fond, les gars ! »
S'il est tout jeune (21 ans), il est depuis toujours et pour toujours à l'USO. « J'espère jouer ici pendant de très longues années. J'habite Eberbach. J'aime me battre pour les deux villages qui font le club, dit-il avant d'éclater de rire. La couleur de mon sang doit être orange. » Et pas besoin d'analyse pour s'en convaincre, la couleur du maillot de l'USOE est allée nourrir ses veines.
En gros, il aime « l'esprit familial du club », retrouver les copains à chaque séance d'entraînement, partager de longues soirées « avec les joueurs de la I, de la II et de la III », aller discuter avec les supporters. « Ils seront près de 300 à venir nous soutenir à Saint-Louis, à 240 kilomètres de la maison. C'est énorme. La Coupe de France fait rêver tout le monde. »
Il aime aussi qu'Yves, son père et vice-président du club (petit cousin de Richard Kraemer, le président, dont le fils Sébastien est défenseur), ne lui donne aucun conseil avant un match. « Il a joué en équipe première. Il me laisse tranquille », ponctue Steve.

Les drôles de matches de Marie-Cécile, sa maman

Il adore surtout que Marie-Cécile, sa maman, se déplace au stade les jours de match. « Faut être franc, elle vient plus pour parler avec ses copines. Au coup de sifflet final, elle vient souvent me demander le score de la rencontre », éclate de rire le milieu de terrain défensif de l'USOE.
« J'étais plutôt offensif, mais je rends service à l'équipe en ayant ce rôle-là. A côté de Fabrice Muller, je progresse. Et puis, quand tu vois comment nos attaquants se défoncent, tu fais pareil. C'est un vrai bonheur. »
Il sait qu'il faudra un exploit pour rejoindre le 8e tour. « On a envie de gagner. Notre club, qui n'est pas riche, aurait un bonus de 6 000 €. Et puis, ce serait la première fois dans son histoire qu'il irait aussi loin. Nos parcours en championnat et en Coupe de France font parler de nos deux villages. C'est une fierté et un plaisir. »
La force de l'USOE - le club est invaincu en Excellence, avec dix victoires en onze rencontres - vient de cet amour partagé du terroir de ce coin d'Alsace. « La saison passée, on avait eu du mal. Je faisais ma première saison comme titulaire. L'apprentissage est terminé », sourit celui qui monte des armoires numériques chez Siemens à Karlsruhe.
A part ça, Steve Kraemer rêve d'affronter, en Coupe de France, le... « Real Madrid », son club de coeur. « Non, une Ligue 1 : Bordeaux, Marseille, Lyon ou Paris. »
En attendant, c'est bien par Saint-Louis que sa route et celle de ses coéquipiers va passer. « Vainqueur ou vaincu, il faudra avoir tout donné. » Et si ce sera le cas, il retrouvera vite son sourire. Celui-là, il ne le perd jamais.
Jean-Christophe Pasqua DNA
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