Geyer buteur-village publié le 26 fevrier 2008
L'US Oberlauterbach-Eberbach a, depuis le début de la saison, inscrit 22 buts en Excellence. Elle ne compte pourtant que trois buteurs, dont Julien Geyer, 12 réalisations à lui seul.

C'est un garçon simple, réservé surtout, sauf quand il est chez lui à Oberlauterbach, dans ce joli coin bosselé du nord de l'Alsace, pas loin de Lauterbourg, où s'étire paresseusement la Lauter. Un vrai joueur de village à l'ancienne même s'il n'a pas encore 23 ans.
Ici, il est avec ses copains, habite pas loin du stade et de son club-house, là où tout se passe le jeudi soir.
« Après l'entraînement, on mange ensemble. Ensuite, on reste jusqu'à... jusqu'à pas d'heure. On forme une vraie petite famille. Ensuite, je rentre à pied à la maison », précise avec bonne humeur Julien Geyer.

Roi des buteurs, prince des consoles de jeux vidéos

Fabrice Muller, entraîneur-joueur de l'US Oberlauterbach-Eberbach, ancien du FR Haguenau aussi, n'a que des compliments à formuler à son propos.
« Il est moins connu que Kabel ou que mon frère Olivier, mais c'est le joueur dont rêve tout entraîneur. Il ne se plaint jamais, on ne l'entend pas. Il est technique, physique et va vite. Sa force ? 90% de ses frappes sont cadrées. Si j'entraînais en DH ou en CFA 2, je le prendrais les yeux fermés. » Voilà, c'est dit.
Quand on lui rapporte ces propos, Julien Geyer esquisse un sourire. « Je suis très attaché à mon village. Ça compte beaucoup plus que d'aller chercher de l'argent ailleurs. Un jour, j'aurais peut-être envie de respirer un autre air. Faut voir, dit-il l'espace d'une phrase avant de se rétracter. En fait, non. Je me sens trop bien chez moi. »
A Oberlauterbach, l'air et le foot ne sont pas viciés. Et c'est l'air qu'il respire depuis qu'il est né. « J'ai tout le temps joué ici, souvent en entente avec Schleithal, Mothern et Niederlauterbach. J'avais commencé arrière gauche. Et, à treize ans, je suis devenu attaquant. »
Il fera partie de cette fameuse équipe qui, un jour, évoluera en « 18 ans » DH. Un exploit pour un si petit village de même pas 500 âmes !
Gaucher de fabrication, qui se débrouille plutôt pas mal avec son pied droit, il martyrise les défenses adverses à coup d'accélérations. « J'aime partir de loin. Dribbler trois défenseurs dans un petit espace, je ne sais pas faire. Il me faut de la place », sourit-il encore.
Déjà auteur de douze buts cette saison, il est l'une des révélations de l'Excellence. « J'ai de la réussite, et des coéquipiers qui m'aident beaucoup. »
Il faut le pousser dans ses derniers retranchements, presque l'obliger pour qu'il dise enfin. « J'ai peut-être un peu de talent, aussi. Bof. »
Et s'il brille sur les pelouses, au point d'être le roi (encore provisoire) des buteurs du championnat, il avoue une autre passion partagée avec certains de ses coéquipiers.
« Tous les samedis, avec Olivier Muller, Christophe Arth et Franck Joerger, on joue à PES (Pro Évolution Soccer), un jeu de foot, sur la console de jeux vidéos. Là, je ne suis pas le meilleur buteur », rigole Julien Geyer.
Fan de Benzema et de Van Nistleroy, il aime donc partir de loin. Mais ses supporters, fidèles - ils sont plus de 200 en moyenne à passer par les guichets du stade municipal -, viennent de près pour le voir conduire la balle et promener ainsi les défenseurs adverses.

« Ma maman vient plus au stade pour parler avec ses copines que pour me voir jouer »

Eh oui, dans ce coin d'Alsace, venir au foot le dimanche après-midi remplace ou s'ajoute au déplacement à l'église le matin. C'est presque l'endroit où il faut être.
« Une partie de ma famille vient m'encourager, dit-il avant d'éclater de rire. J'ai parfois l'impression que Monique, ma maman, vient plus au stade pour parler avec ses copines que pour me voir jouer. »
Lui va continuer à courir beaucoup, se dépenser sans compter, multiplier les appels. « C'est une fierté de porter le maillot de mon village. » Une fierté si bien cadrée qu'elle va jusqu'à faire trembler les filets de but adverses.
Jean-Christophe Pasqua DNA
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